samedi 17 août 2013

1927 : Mon Coeur dans une formule - C6 H8 (Az O3)6, roman



Publié en 1927 aux éditions Radot.
222 pages.

Dédié « à mon grand ami JOSEPH DELTEIL / Cet hymne à la vie /démontré par l'absurde, la mort. »

Contient :
- la liste des membres du Comité de lecture des Cahiers suridéalistes.
- le Manifeste du Suridéalisme.
- la liste des romans à paraître dans les Cahiers suridéalistes.

Bandeau publicitaire du roman

Enquête des Cahiers suridéalistes


Le livre et la critique :


Yvonne Sarcey, « Le suridéalisme » in Annales politiques et littéraires n°2298, 15 novembre 1927, p.473 :

On n'a pas le temps de s'ennuyer un instant sur notre planète; la vie roule à trois cents à l'heure et donne son vertigo.
« Nous sommes les femmes du prochain avion », s'écrie Mme Maryse Choisy dans un manifeste suridéaliste qui fait un bruit d'explosion. Le manifeste de Mme Maryse Choisy a de la branche... Il n'a qu'un tort, à mon avis : c'est qu'il préface un roman, curieux, très amusant, mais d'un sur-réalisme aigu. Il est vrai qu'aujourd'hui nous n'en sommes pas à une contradiction près. Et ce n'est peut-être, après tout, que de la surlogique. La dédicace le laisserait supposer :
...A mon grand ami Joseph Delteil.
Cet hymne à la vie
démontré par l'absurde, la mort...

Mais écoutons les éclaircissements de l'auteur :
« La matière est vibrations, rien que vibrations. Nous sommes l'essence de la matière, l'idée de la matière, nous sommes suridéalistes. »
« Nous tutoyons Einstein, nous couchons avec la science, nous donnons des coups de pied à Freud, nous désirons l'Univers. »
Hé là ! Hé là ! Voilà presque un programme électoral, et quel pro- gramme ! affirmations, vœux, vibrations, musculature, mécanique, vitesse, cœur, univers. C'est affolant. Mais écoutez ceci, qui rassérène :
« L'intelligence pure a fait faillite. Le secours viendra du cœur. Non pas d'un cœur sauvage, d'un cœur fécondé par les sens, mais d'un cœur fécondé par l'idée. Un cœur suridéaliste, quoi ! »
A vrai dire, je ne me rends pas encore très bien compte, ou, plutôt, je ne réalise pas exactement ce cœur fécondé par l'idée et, de ce fait, suridéalisé, — cœur « graissé par l'intelligence » et l'intelligence, devenue, à son tour, « coefficient multiplicateur », cœur pareil à un moteur en marche qui pétarade par petites explosions. Mais je comprends que le cœur accommodé à la couleur du jour est encore de quelque usage. Et ceci me plaît et même me surplaît... Je le disais bien qu'un jour il redeviendrait à la mode, notre pauvre cœur délaissé ! Il a changé de robe, au cours de ses voyages en suravions ; il s'est chargé de formules algébriques ou électriques, mais il reste charmant. Il est le cœur... Espérons, et reprenons notre lecture.
« Notre cœur bat plus vite, notre rythme est plus rapide, nos phrases seront courtes, serrées, aiguës, cinglantes. On peut tout dire rapidement. »
Mme Maryse Choisy parle d'or ; seulement, elle se trompe quand elle tient pour procédé neuf ce qui n'est qu'une vieille, très vieille vérité. Depuis que les amants ont essayé d'exprimer le tragique et la douceur de l'amour, et la vie secrète des sentiments, et la fin de la destinée, ils n'ont jamais eu recours qu'à ces mots tout petits, tout réduits : « Je t'aime... » Quelquefois, même, ces trois syllabes, ils ne les prononcèrent pas. Un fugitif regard, un signe leur suffit. Et leur raison, et leur folie, et toute la fièvre de la passion, ils la traduisirent d'un geste, le pauvre geste primitif et chaste, d'une main fondue dans une autre main. Décidément, rien n'est nouveau sous le soleil, pas même le laconisme de l'amour.
Continuons le passionnant manifeste :
« Notre génération est le produit d'un siècle bousculé, agité, cinématographique ; nous haletons toujours, nous ne haltons jamais ; nous aimons la vérité toute nue, toute crue ; nous avons raccourci le mensonge autant que nos jupes ; nous sommes une génération de sport, de muscles, de nerfs et de fer... »
Le boniment ne manque pas d'allure..., et Mme Maryse Choisy a du talent, et du plus vif. Mais, à y réfléchir, tous ces nerfs et tout ce fer, et tous ces muscles, dans les forêts de la vie, ça ne fait tout de même qu'une femme comme les autres devant l'amour... Bien avant que Mme Maryse Choisy fût née, le cœur, déjà, battait vif, rapide, terrible. Tout le différentiel, c'est qu'aujourd'hui, il mesure sa force, « sa force immense et immensifiée », et que, jadis, il ne découvrait sa puissance que dans l'amour et allait s'y perdre.
En somme, les femmes du prochain avion ne croient plus aux tendres mystères de la vie intérieure, ni aux miracles de l'âme. « Je n'ai pas vu un instant clair en moi-même », disait je ne sais plus quel personnage de Maeterlinck. Les suridéalistes savent avec une exactitude géométrique de quoi il retourne.
« Mon cœur dans une formule », annonce le roman de Mme Maryse Choisy.
— Connaissez-vous la formule C6 H8 (AzO3) 6 ?... demande l'héroïne du livre, Christiane d'Orgeac, une sur-femme, inventrice des rayons z, qui a la gloire, la fortune, la rosette, la beauté, le contrôle de soi et, par plaisir, fait périr d'amour un innocent.
« La bourgeoise me regarde avec des yeux bourgeoisement ronds d'ébahissement. »
Pour éclairer la lanterne, sachez que cette bourgeoise, « fille d'épicier, rougeaude avec sa verrue, sa dot, ses opinions », et regardant avec des yeux ronds d'ébahissement, est une mère affolée qui ne voudrait pas que son enfant, un petit blond de vingt ans, se suicidât ; et il est fou d'amour, le pauvre gosse !
« — C6 H8 (AzO 3) 6 est la formule de la mannite hexanitrique. Je l'ai enseignée à Monsieur votre fils, pendant nos leçons, nos trop courtes leçons de chimie. L'action de l'acide azotique fumant sur la mannite donne une explosion au moindre choc. Tous ceux qui se trouvent dans la ligne trajectoire de l'explosion en meurent. C'est mathématique.
» — Quel rapport ?
» — Le rapport, c'est que l'accident qui arrive à Monsieur votre fils est fatal. Il est écrit par le Destin. Ni vous ni moi n'y pouvons rien. Le Destin est mathématique... »
La surfemme laisse tomber le petit blond, épouse le très riche prince de Limbourg. « Une rage sourde sourd dans ses pores » à l'idée que le prince, « qui n'a rien fait pour mériter ce morceau de prince », deviendra son époux. Mais « foin des âmes immortelles, avec du vague dedans et du bleu autour », elle se laisse aimer par cet imbécile. « Il est le cœur. Je suis l'intelligence. » Éperdu, le petit blond vient se faire sauter la cervelle dans son antichambre. « Impassible devant la passion passionnalisée dans un suicide passionnel », la suridéaliste jubile, car le petit blond était le fils de l'homme qui l'aima jadis et, en fin de compte, lui préféra la dame à la verrue qui tenait de l'épicerie une grosse dot...
Nous avions déjà vu cet accident dans quelques drames de l'Ambigu. Ce qui est neuf, évidemment, c'est la conclusion chimique, scientifique et imprévue de la suridéaliste.
« Il me semble que la vitalité de ses vingt ans, qui a quitté ce cadavre comme une vieille défroque usée, est venue s'ajouter à ma vitalité de quarante ans, l'a nourrie, l'a grandie, l'a gonflée. Une telle fringale de vie chante en moi devant la mort. Je suis avide d'oxygène. J'enlève l'oxygène aux jeunes corps. Je suis un réducteur. Je tourne avec la Terre. Je me répands avec l'air. Je respire avec le monde. Je suis au diapason avec le Destin... »
Serait-ce cela le coeur fécondé par l'idée ? Et la vérité toute nue, toute crue ? O Musset ! ô Maeterlinck ! et vous, Claudel, et vous, Verlaine, qu'en dites-vous ? Et toi, Rostand, qui mis ton cœur dans ce vers :
Il n'est de grand amour qu'à l'ombre d'un grand rêve ?


Henriette Charasson in La Femme de France n°663, 22 janvier 1928, p. 18 :

Bien que licenciée en philosophie de l'Université de Cambridge, Mme Maryse Choisy n'est pas féministe : Mon cœur dans une formule, c'est le procès des soi disant conquêtes féministes. On pourrait mettre en épigraphe à presque tous les chapitres cette remarque que j'y glane : «  Je me demande si elle n'eût pas préféré embrasser un bébé au lieu d'embrasser une carrière. »  Il y a là bien des pages fortes, sensées et profondes.
C'est le livre étincelant d'un être jeune : Mme Maryse Choisy est la Présidente du groupe Suridéaliste – (ce nom ne veut rien dire, je ne suis plus moi-même assez jeune pour donner dans ces godans !) – qui se vante de ne compter que des « moins de trente ans ». Comme roman proprement dit, – je veux dire quant à l'intrigue, – il ne vaut rien, et Maryse Choisy est beaucoup trop intelligente pour prétendre que nous acceptions l'histoire de cette chimiste de génie qui eut, à vingt ans, le coeur broyé par la muflerie de son fiancé, et, vieille fille toujours jeune et belle à quarante ans, se venge en devenant la maîtresse du fils de celui-ci (qui est mort) et en l'abandonner durement, de manière à amener le jeune homme au suicide. Se venger, en quoi puisque le père est mort et que si le fils se tue il ne le saura pas ? (L'héroïne ne croit pas à la vie de l'au-delà). Je ne vois pas le triomphe de cette vengeance, et ladite héroïne est d'ailleurs beaucoup trop feuilletonesque pour nous émouvoir, et même nous faire croire à son existence.
Là n'est pas l'intérêt de ce livre, mais dans sa jeunesse trépidante, dans ses formules pailletées d'esprit, dans son entrain, dans la vérité de ses   notations, de ses maximes, dans la finesse littéraire de ses trouvailles expressives (portées quelquefois jusqu'à la préciosité, voire jusqu'à la grossièreté), dans ce mouvement étonnant qui entraîne toutes les pages dans une sorte de giration étourdissante :

Vingt ans. C'est l'année des repas rares, des toilettes modestes, de la culture du cœur, de l'amour. C'est l'année où je me prive de dépenser pour acheter des bas de soie.
…......................
Vingt-cinq ans. Moins de préjugés. Presque autant de diplômes. C'est l'année où je me prive de déjeuner pour acheter des livres. - Le travail, c'est le bonheur, clichent ceux qui ne font rien.
Comme si c'était jamais drôle de travailler ! Je suis une bonne travailleuse ? Précisément, ce sont les bons travailleurs qui se trouvent être le plus paresseux de nature. S'ils travaillent davantage, c'est uniquement à cause de leur paresse foncière qui les talonne, afin qu'ils puissent se reposer plus tôt.
….....................
Trente ans. C'est l'année des échos rosses dans les canards, des langues poisonneuses, des deleatur sur de vieilles amitiés, de l'ascension pénible vers la gloire. C'est l'année où je me prive de déjeuner pour tenir mon rang dans le monde.
….........................
Trente-cinq ans. C'est l'année de l'application des rayons Z, de la gloire, de la fortune. Je me prive de déjeuner parce qu'à force de ne pas déjeuner dans ma jeunesse, j'ai contracté une maladie d'estomac.
Être riche, c'est pouvoir enfin dire : -  Monsieur, vous m'embêtez, laissez-moi tranquille, sans être obligée d'envelopper son refus dans le papier de soie de la vertu ou dans les serviettes hygiéniques de l'hypocrisie.
…...................
Quarante ans. C'est l'année où l'on se passe déjeuner pour ne pas grossir.


Voulez-vous encore quelques autres remarques ? « J'appartiens aux nouvelles Indépendantes comme d'autres sont nouvelles Riches. Nous sommes des parvenues dans le domaine intellectuel. (…) Notre génération est le produit d'un siècle bousculé, agité, cinématographique. Nous parcourons la vie dans une quarante chevaux. Mais nous n'avons pas le loisir de regarder les beautés vantées. »
Ou ceci : deux amants : « Je ne lui posais pas de questions sur ses absences. Il n'en disait pas davantage. Le temps nous manquait. Il en résulta dans nos relations une sorte froideur de gens bien élevés. Ce qui attache en amour, c'est précisément l'égoïsme. Cet égoïsme mâle appelle l'abnégation femelle. »
Et voulez-vous un exemple de ce style moderne, tout en allitérations, en assonances, en crispations, en trouvailles et en folie ? j'ouvre au hasard :

Cocon qui file un bon coton. Chrysalide folle d'où s'envolent des mites ou des mythes, des teignes ou des machaons, des papillons ou des merdillons, des bonds ou des gonds, des oui des nons. Et ron, ron, petit pataton.

J'ouvre encore. Voici pour la psychologie : « Chaque femme, même prévenue, croit naïvement qu'avec elle un mufle ne sera pas un mufle comme avec les autres. »
Un livre étonnant, une mine de cocasseries, de loufoqueries, d'étincelles, d'esprit, de finesse, des formules étonnamment heureuses, des plaidoyers passionnés, des gros mots parfaitement inutiles.... un livre jeune, un roman absurde... qu'on corne à presque toutes les pages. Je vous assure qu'il faut lire Mon coeur dans une Formule.
… En admirant que tous ces grelots aient été attachés, à la jupe de sation d'une brillante Folie qui pleure, par le sang, l'érudit, le plus philosophique amateur, de la Chirologie de chez Alcan.


Louis-Jean Finot in La Revue Mondiale, janvier 1928, pp.98-99 :

Mme Maryse Choisy est à la tête d'un « groupe suridéaliste » constitué par quelques femmes de lettres qui ambitionnent de « faire nouveau », et d'étonner le monde. Je serais peut-être bien embarrassé pour vous dire comment... Sachez seulement que les livres de ces dames seront composés de « phrases qui doivent saisir le lecteur à la gorge », et que « dans le match intelligence-cœur, le suridéalisme parie pour le cœur »... Est-ce pour cela que le premier roman de Mme Maryse Choisy : Mon Cœur dans une Formule C6H8 (AzO3)6 contient un certain nombre de néologismes, d'audaces grammaticales frisant l'incorrection, de comparaisons peu adéquates avec le bon sens qui certes vous saisissent à la gorge, mais en vous faisant faire un petit saut de surprise et de réprobation... Est-ce pour cela aussi que son héroïne est parvenue à dompter les émois de son cœur, et qu'elle poursuit, avec un calme imperturbable, une vengeance lointaine qui mènera son jeune soupirant au suicide? Il faut ajouter que si la célèbre et jolie chimiste Christiane d'Orgeac veut voir son amant se tuer à cause d'elle, c'est qu'elle ne pardonne pas au père du jeune homme « d'avoir gâté par son amour le goût de l'amour »... Explique qui pourra, après cela, le triomphe du cœur voulu par les suridéalistes.
Quand Mme Maryse Choisy libèrera son inspiration des règles baroques qu'elle a tort de lui imposer, quand — avec un peu plus de métier — elle évitera les redites, les procédés interrogatifs dont elle abuse, quand elle consentira à être « elle », sans souci de se singulariser à tout prix, on peut être assuré qu'elle nous donnera des œuvres intéressantes. Attendons donc son prochain livre pour parler d'elle avec les éloges que nous aurions désiré lui décerner dès aujourd'hui. 


 John Charpentier in Mercure de France n°721, juillet-août 1928, p.162 :

Mme Maryse Choisy, chiromancienne distinguée, fait partie d'un groupe littéraire, artistique, scientifique et sportif même, et qui est celui des suridéalistes. A en juger par le roman Mon cœur dans une formule, que Mme Maryse Choisy publie sous l'égide de ce groupe, on y doit être très romantique. Le livre de Mme Choisy m'a fait d'ailleurs plusieurs fois songer à la Lélia de George Sand : même exaltation du moi chez son héroïne qui s'atteste exceptionnelle, mais qui, chose singulière (les suridéalistes ayant le culte des moins de vingt ans), a passé la quarantaine... On trouvera bien des bizarreries, pour ne pas dire des loufoqueries dans ce livre, mais aussi d'amusantes remarques, sans le prendre jamais très au sérieux.

1927 : La Chirologie



Publié en 1927 à la Librairie Félix Alcan.
332 pages.

Préface de Jules de Gaultier.

218 figures (de l'auteur).

Dédié à Rachilde, « en affectueuse admiration ».

Table des matières :

PRÉFACE.
INTRODUCTION.
Chapitre premier — Les données psychologiques de la main.
La chirologie est-elle une science ?
La chiromancie, le libre arbitre et la suggestion.
Chapitre II — Trois postulats liminaires.

PREMIÈRE PARTIE
Chapitre III — De l'anatomie et de la physiologie de la main et de la sensibilité tactile et motrice.
Chapitre IV — De l'aspect général de la main.
Chapitre V — Des sept mains types et des aptitudes intellectuelles.
1. La main élémentaire.
2. La main spatulée ou active.
3. La main carrée ou utile.
4. La main noueuse ou philosophique.
5. La main conique ou esthétique.
6. La main pointue ou psychique.
7. La main mixte.
Chapitre VI — Des correspondances entre les tendances intellectuelles et les tendances affectives.
Chapitre VII — Des monts et des sept types affectifs.
1. Le mont de Vénus et l'instinct de conservation et de procréation.
2. Le mont de Jupiter. L'affirmation du moi et l'instinct grégaire.
3. Le mont de Saturne et l'instinct de curiosité.
4. Le mont de Soleil ou d'Apollon et l'instinct du jeu.
5. Le mont de Mercure et l'instinct d'imitation.
6. Le mont et la plaine de Mars et l'instinct de combativité.
7. Le mont de Lune et le subconscient.
Chapitre VIII — De la paume.
Chapitre IX — Du pouce et de la volonté.
Chapitre X — Des doigts.
1. L'index ou le doigt de Jupiter.
2. Le médium ou le doigt de Saturne.
3. L'annulaire ou le doigt de Soleil ou d'Apollon.
4. L'auriculaire ou le doigt de Mercure.
5. Des rapports des doigts et des monts.

DEUXIEME PARTIE
Chapitre XIII — Des lignes en général.
Chapitre XIV — Des modifications des lignes et des signes supplémentaires.
Des signes supplémentaires.
Division des lignes.
Chapitre XV — Des trois lignes principales.
1. La ligne de vie ou la vitale.
2. La ligne de tête ou la naturelle, ou la cérébrale.
3. La ligne de cœur ou la mensale.
Chapitre XVI — Des cinq lignes secondaires.
1. La saturnienne ou la ligne de destinée, ou la ligne de chance, ou la ligne de direction.
2. La solarienne, ou l'apollonienne, ou la brillante.
3. La mercurienne ou la ligne d'intuition.
4. L'hépatique, ou la ligne de santé, ou la ligne de foie.
5. La ceinture de Vénus.
Chapitre XVII — Des traverses amoureuses.
1. Les lignes d'union à la percussion de Mercure.
2. Lignes d'influence sur Vénus.
3. La croix sur le mont de Jupiter.
Chapitre XVIII — Des lignes supplémentaires, du quadrangle des triangles et des angles.
1. La marsienne.
2. La via lasciva ou la voie lactée.
3. L'anneau de Saturne.
4. Le sceau de Salomon.
5. La ligne des paradis artificiels.
6. Les bracelets.
7. Les lignes de voyage.
Le quadrangle.
Le grand triangle.
Le petit triangle.
Chapitre XIX — Des cas pathologiques, de la folie, de la névrose, des phobies, du suicide et du crime.
1. De la folie.
2. Du suicide.
3. Du crime.
Chapitre XX — Des mains d'enfants.
Chapitre XXI — De l'âge.

TROISIÈME PARTIE.
Chapitre XXII — L'impératif climatérique.
Chapitre XXIII — La métaphysique hindoue.
Chapitre XXIV — La chirologie hindoue.
Chapitre XXV — La chirologie astrologique et son histoire.

QUATRIÈME PARTIE.
Chapitre XXVI — Du caractère.
Chapitre XXVII — Conclusion.


Publicité parue dans les Nouvelles Littéraires,
12 octobre 1927.




Le livre et la critique :

Les Quarante-Cinq, « Courrier des Lettres » in supplément littéraire du Gaulois n°18104, 30 avril 1927, p.4 :

Nous avons rencontré Mme Maryse Choisy, qui nous a appris qu'elle allait publier un livre sur la chirologie. Et comme nous lui posions là-dessus des questions de profane :
— Vous voulez savoir, nous dit-elle, pourquoi et comment un docteur ès lettres philosophie est arrive à s'occuper de chiromancie ? J'étais allée aux Indes pour chasser le tigre, chasse qui telle qu'elle se pratique aux Indes avec un régiment d'éléphants n'a rien de dangereux. Comme j'avais fait mes étuds de philosophie à Cambridge, comme je possédais un diplôme universitaire britannique, j'ai donné une série de cours de psychologie à Bénarès. J'ai cru enseigner à mes élèves. En vérité ce sont mes élèves qui m'ont tout appris. Il m'ont appris, entre autres choses, la chiromancie. J'ai appliqué à la chiromancie les méthodes critiques qu'ont m'avait inculquées à l'Université. Et c'est le résultat de ces deux méthodes que j'ai donné dans mon traité La Chirologie, qui paraît chez un éditeur bien connu d'ouvrages philosophiques.
 » Pourquoi j'ai continué à faire de la chiromancie ? Parce que ma légende m'y a obligée. Quand je suis revenue à Paris, après avoir publié mon premier roman : Presque, j'ai voulu faire du journalisme. Il est difficile de trouver immédiatement une place sous le soleil littéraire... Alors j'ai proposé ma petite rubrique de chiromancie. Je ne faisais de tort à personne. Personne ne me faisait du tort. Depuis, j'ai signé des reportages, des articles sur les sujets les plus divers, j'ai écrit cette année trois romans, je crois donc pouvoir dire que je suis avant tout femme de lettres. La chiromancie n'est qu'un violon d'Ingres au même degré que la chasse aux tigres... Cela n'empêche pas que chaque fois qu'une de mes jeunes consœurs veut être rosse, elle m'appelle chiromancienne.


Les Treize, « Les Lettres » in L'Intransigeant n°17097, 28 mai 1927, p.2 :

Il y a quelque chose de tout à fait remarquable dans cet ouvrage magistral : une prudence, une sagesse, qui est une fleur de civilisation.
Mme Maryse Choisy, qui a lu à peu près tout ce qui se rapporte à la chirognomie comme à la chiromancie, et qui a su en faire admirablement son profit, ne nous apporte pas seulement une synthèse de ses lectures et ses expériences. Son livre n'est pas formé d'une suite de recettes empiriques ou traditionnelles à l'usage des « liseurs de mains » ; il est cela et mieux ; il apporte une véritable philosophie de la chirologie... et de quelques autres sciences conjecturales. Une série de postulats liminaires rappellent à la mesure en toutes choses : les hommes diffèrent entre eux comme les arbres dans la forêt.
Constamment, au cours de ce volume, instructif, certes, et passionnant, on sera frappé par un appel constant au tact, à la finesse, à l'exercice de l'intelligence.


? « Carnet des Lettres » in La Lanterne n°18208, 14 juin 1927, p.3 :

Ceci n'est pas un livre de chiromancie comme il y en a beaucoup. C'est la première fois qu'un amateur essaye, avec une parfaite conscience scientifique, de systématiser les observations de la chirologie.
Ce livre fera date dans l'histoire de la chirologie et est à l'ancienne chiromancie ce qu'est la chimie à l'alchimie. Mme Maryse Choisy est une universitaire qui se fit d'abord remarquer par un certain nombre d'études philosophiques.
Mais c'est aux Indes qu'elle fut initiée aux sciences occultes et qu'elle se perfectionna dans la chiromancie. Elle apporta cependant à cette initiation orientale tout l'esprit critique des universités occidentales. Le présent ouvrage est le fruit de patientes recherches et d'un labeur longuement mûri où se retrouve l'influence des deux cultures.
Les théories les plus mystiques, examinées dans un esprit impartial, voisinent avec les statistiques les plus scrupuleuses. Elle a soumis ses travaux sur des centaines de mains à de minutieuses vérifications. Il ne s'agit donc pas ici de fantaisie mais d'études expérimentales aussi serrées qu'il est possible. La préface de M. Jules de Gaultier est, d'ailleurs, une garantie de la dignité scientifique de cet ouvrage.
Dans la partie historique de la Chirologie, le lecteur trouvera, en outre, quelques chapitres très documentés sur la philosophie hindoue.


Louis-Jean Finot in La Revue Mondiale, mai-juin 1927, p.396 :

Il n'y a que des esprits superficiels pour nier aujourd'hui cette science qui a pour nom la chirologie. Mais ils seront vite convaincus de leur erreur s'ils ont la chance d'avoir entre leurs mains le livre extraordinaire de Mme Maryse Choisy : La Chirologie. Avec une documentation puissante, renforcée surtout par l'expérience, Mme Maryse Choisy nous dévoile avec talent les secrets de cette science mystérieuse. Est-ce à dire qu'après avoir lu son copieux ouvrage vous serez aussi savant qu'elle, qui s'est acquis de par le monde une renommée justifiée? Que non... mais vous ne serez plus sceptique et vous comprendrez les relations étroites qui peuvent exister entre la psychologie et la physiologie. Si la chirologie en tant que science est encore dans son enfance, des précurseurs comme Maryse Choisy sauront lui donner l'élan nécessaire pour que les recherches qu'elle provoquera puissent aboutir à des résultats formels. La théorie du « cerveau impressionnant la main telle une plaque photographique sensible » est une découverte de portée immense. Espérons que l'auteur de La Chirologie découvrira elle-même toutes les conséquences qu'on en peut tirer [... ]


? in Le Rappel, 14 juin 1927 :

Ceci n'est pas un livre de chiromancie comme il y en a beaucoup. C'est la première fois qu'un amateur essaye, avec une parfaite conscience scientifique, de systématiser les observations de la chirologie.
Ce livre fera date dans l'histoire de la chirologie et est à l'ancienne chiromancie ce qu'est la chimie à l'alchimie. Mme Maryse Choisy est une universitaire qui se fit d'abord remarquer par un certain nombre d'études philosophiques.
Mais c'est aux Indes qu'elle fut initiée aux sciences occultes et qu'elle se perfectionna dans la chiromancie. Elle apporta cependant à cette initiation orientale tout l'esprit critique des universités occidentales. Le présent ouvrage est le fruit de patientes recherches et d'un labeur longuement mûri où se retrouve l'influence des deux cultures.
Les théories les plus mystiques, examinées dans un esprit impartial, voisinent avec les statistiques les plus scrupuleuses. Elle a soumis ses travaux sur des centaines de mains à de minutieuses vérifications. Il ne s'agit donc pas ici de fantaisie mais d'études expérimentales aussi serrées qu'il est possible. La préface de M. Jules de Gaultier est, d'ailleurs, une garantie de la dignité scientifique de cet ouvrage.
Dans la partie historique de la Chirologie, le lecteur trouvera, en outre, quelques chapitres très documentés sur la philosophie hindoue.


Charles Silvestre, in La Revue Limousine, 15 juillet 1927 :

Mme Maryse Choisy vient de faire paraître l’œuvre la plus importante et la plus claire que l'ont ait écrite sur un tel sujet jusqu'à ce jour. Son livre est précédé d'une préface de Jules de Gaultier. L'auteur étudie, avec une lucidité extrême, les formes des mains, leurs signes communs et particuliers, ce qu'ils signifient et ce qu'ils annoncent. Il apparaît que la vie et ses mystères comme ses révélations sont tracés aux creux d'une paume, aux phalanges des doigts. Il ne s'agit pas là de songes ni de chimères, mais d'une science et de faits le plus souvent reconnus. Mme Maryse Choisy, doctoresse ès lettres philosophie, est aussi un merveilleux écrivain, douée d'une intelligence aiguë. J'ai lu son livre comme le plus passionnant des romans.


? in Paris Soir, 20 août 1927 :

Mme Maryse Choisy, qui est doctoresse ès lettres philosophie, vient de consacrer un livre d'une dimension honorable à l'étude de la divination psychologique d'après les lignes de la main.
Son ouvrage n'a rien de charlatanesque. L'auteur ne prétend pas tout découvrir et tout prédire. Mais les observations qui sont groupées ici dans un ordre strictement scientifique ont un caractère presque émouvant. Et le plus sceptique ne saurait être éloigné de croire à une relation mystérieuse entre les plis de notre peau et, si l'on peut dire, les plis de notre nature, j'entends nos tendances et nos habitudes.
Une importante bibliographie montre que la conception de Mme Maryse Choisy n'est pas fondée sur une improvisation et que l’œuvre a été documentée avec le plus grand soin.
Cet ouvrage est illustré de nombreux croquis qui en rendent le sens aisément assimilable. Il est composé par quelqu'un qui pense avec ordre et qui écrit avec clarté. Et la part de mystère qu'il contient, ou, du moins, d'empirisme, ne doit pas nous inspirer du doute ou nous faire sourire, en ce temps où la science, de jour en jour, recule les limites des grands Inconnus parmi lesquels nous nous agitons, infimes que nous sommes, avec tant de dérisoire confiance en notre jugement.


Lucien Roure in Études, décembre 1927, pp.734-735 :

Y a-t-il correspondance entre la conformation de la main et le caractère ? Il existe des mains fermes et des mains molles, des mains chaudes et des mains froides, des mains fines et des mains épaisses, des mains effilées et des mains carrées. On conclut à telle tendance, à tel penchant. L'induction, tant qu'elle s'en tient aux traits généraux. peut tomber juste. Ne parle-t-on pas couramment de mains plébéiennes et de mains aristocratiques ?
Est-il permis de pousser plus avant le parallélisme? Est-ce que la forme des doigts, leur écartement, la conformation des ongles, la structure de la paume, la structure du pouce et sa mobilité auraient chacune sa signification précise ? Et particulièrement de l'étude des lignes de la main pourrait-on tirer le portrait intellectuel et psychique d'un individu ?
On l'a essayé; et Mlle Maryse Choisy s'y emploie avec une belle conviction. Nous avouons avoir trouvé trop de postulats dans son travail, comme aussi dans beaucoup de ses déductions une abondance qui n'est plus richesse. Ce détail excessif en prend un air d'amplification verbale ou permet à n'importe quel sujet de se reconnaître en quelque trait de caractère.
L'auteur garde les dénominations astrologiques des lignes et des monticules de la paume, mais, dit-il, par nécessité, sans y attacher aucune importance. Il y avait cependant là une question d'origine très délicate à étudier. Niquietus, qui aurait « résumé toutes les définitions de la main », est-il bien un jésuite érudit du dix-huitième siècle? (P. 286, note.) On parle d'« un parchemin (humain, assurent les pandits), le manuscrit le plus ancien qui traite de chirologie, et se trouve pieusement conservé par quelques brahmanes dans un temple de Bénarès ». (P. 284.) Cela est tout à fait dans le goût des inventions romanesques d'Édouard Schuré. On y lirait que ce n'est pas l'homme qui descend du singe, mais le singe qui descend de l'homme : l'auteur réédite une joyeuse fantaisie lancée il y a quelques années.
Et il est difficile de voir ce que fait, en cette affaire de la chirologie, la doctrine des glandes endocrines. (P. 296.) Enfin, si l'auteur du livre de Job avait parlé de chirologie, son témoignage, quoi qu'en dise Maryse Choisy, ferait « autorité au point de vue scientifique ». (P. 3oo.) Il aurait une valeur historique, quant à l'ancienneté de la chiromancie, la seule ici en question. Mais le verset : Qui in manu omnium hominum signat ut noverint singuli opera sua (Job, xxxvii, 7) signifie, d'après les hébraïsants modernes « Dieu met un sceau sur la main de tous les hommes, afin que tout mortel reconnaisse son Créateur », c'est-à-dire Dieu engourdit, rend inactives les mains de l'homme, pendant la saison d'hiver, et l'homme connaît ainsi sa dépendance.


Charles de Saint-Cyr, « Chirologie » in La Semaine à Paris n°292, 30 décembre 1927, pp.3-4 :

Ouvrez le petit Larousse à CHIROMANCIE; il vous indiquera que ce terme vient de deux mots grecs, dont l'un signifie main et l'autre divination. Mais ne cherchez pas, dans le même dictionnaire, CHIROLOGIE, vous ne l'y trouveriez pas. Qu'importe! puisque si peu helléniste que l'on soit, il est aisé d'en établir l'étymologie : discours sur la main. Si j'insiste, c'est que Mme Maryse Choisy ne prétend point deviner l'avenir. Elle va moins loin — et plus loin. Mais qu'auparavant je vous présente cette jeune femme, qui — coïncidence curieuse — a, sans raison, un type quelque peu d'Asie. Or — coïncidence encore! — une camarade de Cambridge (elle y fut élève au Girton Collège, le plus ancien, le plus « chic » des Collèges féminins d'Angleterre), l'invita à aller aux Indes. Elle accepta. Et voici que, revenant, elle semble - de par son type — être née quelque pat, là-bas. Comment dés lors ne lui accorderait-on pas toute confiance ? d'autant que - véritablement — elle sait. Elle a mis son séjour à profit. Elle a appris cet art subtil et mystérieux des lignes de la main. Fille intelligente, d'ailleurs, érudite, douée. Il n'y a pas bien longtemps qu'elle nous donnait ce cruel roman : Mon cœur dans une formule. De fait, une formule chimique s'offre en sous-titre. Elle-même m'en a dit le sens; je l'ai oublié. À quoi bon ? la chimie et moi ne frayons point ensemble. Et en tant que formule, je lui en propose une autre que j'ai cueillie dans son roman, précisément : « : Je me demande si elle n'eût pas préféré embrasser un bébé, au lieu d'embrasser une carrière ». Formule ? aveu ? programme de vie ? un peu de tout cela. Mais nous bavardons et comme il convient, la conversation s'égare. Vais-je ramener notre causerie à la ligne droite, comme on fait à Auteuil des cabochards ? laissons ! un peu de fantaisie ne messied point. D'autant que finalement nous retombons, là où je le désire : CHIROLOGIE. C'est le titre qu'elle a donné à son gros bouquin si captivant, si clair, si érudit qu'a publié il y a quelques mois, la docte librairie Félix Alcan. Ce qui situe les choses. Nous sommes au pays de la philosophie et non au royaume de cette « Clef des Songes » qui demeure si chère au cœur de Madame Cardinal. Foin donc de cette bonne dame ! Science ici ! Science et psychologie. C'est à la psychologie seule que Mme Choisy permet de déduire.
— Vous êtes tel, mon cher ! Étant ici, ceci et cela sont probables.
Elle s'en tient la. C'est mieux. Tout en causant, elle a pris ma main entre les siennes et, penchée, en consulte la paume. Sa nuque un peu grasse de belle jeune femme brune offre un repos à mon regard. D'une de mes moins, elle passe à l'autre — à l'hindoue ! La gauche signifie ce que nous sommes nés; la droite ce que nous nous sommes faits. Elle les a donc considérées l'une après l'autre. Et, de la sorte, a lu en moi. Car je dois bien convenir que ce qu'elle
me dit est d'une exactitude absolue et aiguë. Égales entre elles et toutes deux entières. Acuité me semble ici chose plus merveilleuse encore qu'exactitude.
Le hasard fait que les yeux noirs de Mme Maryse Choisy se posent sur la pendulette qui est en face de moi.
— Ah! que je suis en retard!
Elle me dit l'heure du rendez-vous qu'elle avait.
— Faites-moi vite chercher une voiture, mon cher.
Pendant qu'on y court, le téléphone, fait l'ambassadeur e annonce sa prochaine arrivée la-bas.
Déjà elle est partie. Moi je demeure considérant mes paumes aux lignes mystérieuses; j'y suis inscrit d'une certitude égale à celle de ma propre mort, pareillement déjà inscrite en moi.
Destinée ! Angoisse du libre arbitre ! Certitude d'autre chose ! Au-delà ! Au-delà !...


R. N. in L'Association Médicale n°1, janvier 1928, pp.26-27 :

Toutes les tentatives de conquérir une parcelle de vérité sont respectables. Celle que fait ici Mme Maryse Choisy est de cet ordre. La chirologie, dit Mme Jules de Gautier, est une tentative du moi individuel pour se connaître en quelque sorte objectivement et du dehors. Si mon corps est mon véritable moi-même, n'arriverai-je pas à me saisir et à me connaître, à pénétrer, fusse à violer le mystère que je recèle en observant mon corps, auquel je ne puis rien changer ? Si quelque fragment de mon corps, si ma main avec sa forme anatomique et les lignes qui la sillonnent est déterminée par l'ensemble de mon corps et, par induction, me renseigne sur mon corps, ne pourrai-je distinguer dans ma main mon moi véritable, n'y pourrai je déchiffrer l'énigme que je suis pour moi-même ? Mais ne pourrai-je conquérir encore une science plus précieuse ? Si toutes les parties de l'univers sont liées entre elles, ne pourrai-je déchiffrer mon destin à l'algèbre des signes inscrits dans ma main ?
Mme Maryse Choisy examine d'abord si la chirologie peut-être considérée comme une science et conclut que
pour la chirognomie, c'est-à-dire cette première partie de la chirologie traitant du caractère selon la conformation de la main, il existe des preuves positives fondées sur des rapports statistiques et sur quelques phénomènes biologiques el physiologique généralement admis et en aucun cas nulle preuve négative.
Dans la première partie Mme Maryse Choisy étudie la main dans ses divers aspects, les sept types de main, les moules et les sept types affectifs la paume, le pouce et la volonté, les doigts la sémeiologie médicale de la main.
Dans la deuxième partie sont envisagées les lignes et leur signification,
La troisième partie est consacrée à l’impératif climatérique, à la métaphysique indoue, à la chirologie indoue, à la chirologie astrologique.
La quatrième partie traite du caractère.
Mme Maryse Choisy dont d'étude très poussée faite dans un esprit des plus scientifiques mérite d'être lue et méditée
nous dit que c'est par son côté psychologique surtout que la chirologie lui paraît attachante, comme un effort de l'homme à se connaître lui-même, et qu'elle mérite de figurer dans un département modeste de la psychologie contemporaine.
En vertu de l'action bien connu de l'esprit sur le corps Mme Choisy a fait l'hypothèse que la pensée, le désir ou la
crainte d'un acte s'impriment dans la main, indépendamment de la réalisation ou de la non réalisation de cet acte et elle l'a vérifiée par des centaines d'observations sur les mains d'individus simples auxquels elle avait suggéré auparavant telle ou telle préoccupation d'importance minime, sachant d'avance que l'objet de la préoccupation ainsi suggérée, comportait une part d'impossible. Dans chaque cas elle a vu, tôt ou tard, apparaître dans la main le signe (faiblement ou fortement tracé selon la suggestibilité des natures) correspondant à cet objet.
Écrit dans une langue d'une élégance sobre, fortement pensé, ce livre de Mme Maryse Choisy mérite de retenir toute l'attention des médecins et des psychologues.


? in Revue des Lectures n°1, 15 janvier 1928, p.70 :

La chirologie est étymologiquement la science de la main. Savoir lire dans la main le passé et surtout l'avenir constitue un talent très apprécié dans les salons et même, à notre époque incrédule, très lucratif. Mais ne serait-ce que cela, art mondain ou exercice professionnel ?
Il ne faut pas confondre chirologie avec chiromancie, la science morale avec l'art conjectural et quelque peu occulte. Car Mlle Choisy n'hésite pas à considérer la chirologie comme une véritable science.
Il est incontestable que la loi de corrélation, du physique et du moral donne à cette affirmation un certain fondement. Sans aller jusqu'à dire avec l'auteur que le cerveau impressionne la main, telle une plaque photographique sensible, il faut admettre que la main est un des organes les plus raffinés, et l'on peut affirmer une certaine correspondance entre sa sensibilité et sa motilité d'une part et la richesse du cerveau d'autre part. Mais les faits de la chirologie se réalisent dans le domaine de la plus grande complexité et de la plus grande instabilité, puisqu'au jeu même de la vie s'ajoute celui de la liberté. Et la suggestion apporte en plus à ces incertitudes un élément non négligeable de perturbation. Bien des prédictions réalisées ne sont que des suggestions acceptées à son insu par le sujet. C'est le modèle qui se met à ressembler à son portrait... Justes donc quand elles restent dans les généralités, les inductions de la chirologie deviennent très relatives dès qu'elles visent à la précision. Comme le faisait déjà remarquer Binet, cette science, ainsi que ses congénères la physiognomonie et la graphologie, ne vaudront jamais que pour les moyennes, les ensembles, jamais pour les individus.
Telle quelle, cependant, la chirologie ne manque pas d'intérêt, et peut apporter maintes contributions précieuses, à la science des caractères en particulier. Après une courte introduction, où sont soulevés les problèmes effleurés ci-dessus, et énoncés les postulats liminaires de la chirologie, Mlle Choisy aborde, dans une première partie, l'étude de l'aspect général de la main et des sept formes types, puis les monts, la paume, les doigts, les ongles, les poils, etc... La seconde partie traite des lignes de la main : des trois lignes principales, des cinq lignes secondaires et des lignes supplémentaires, puis enfin des mains pathologiques, pourrait-on dire, qui dénoncent les candidats à la folie, au suicide, au crime. La troisième et la quatrième parties, bien moins importantes, renferment quelques aperçus historiques et philosophiques sur la chirologie hindoue et la chirologie astrologique, plus ou moins aventureux, et qui détonnent un peu avec le souci de l'observation et de l'exactitude, dont témoignent les précédentes parties du livre.
Certes, on ne s'ennuie pas à la lecture de cet ouvrage, et même on y apprend des choses fort curieuses et très vraisemblables. Mais il faut se garder de l'illusion qu'une simple lecture nous mettrait a même de déchiffrer couramment les mains de nos semblables. La matière est si complexe, les nuances si subtiles, et les conditionnements des différents traits les uns par les autres, si enchevêtrés, qu'une très longue pratique seule peut mettre en possession de cette science. Pour l'instant, malgré le très bel effort et le souci d'objectivité de Mlle Choisy, disons que la chirologie reste encore au rang de ce que Descartes appelait les « sciences curieuses. »


Gaston Danville, in Mercure de France n°711, 1er février 1928, pp.711-715 :

Dans sa préface, M.J. de Gaultier définit excellemment la nature de l'intérêt qui s'attache aux recherches du genre de celle qu'entreprend ici Mme Marise Choisy :

« L'activité qui joue dans le monde, l'expérience, a créé la chose la plus prodigieuse : le mystère. Elle a su se rendre obscure à sa propre vue inconnaissable pour elle-même... Mais, avec l'esprit humain, elle a réalisé un autre prodige. D'ordre contradictoire ; car elle y a inscrit le désir de percer ce mystère qui est son chef-d’œuvre... « Connais-toi toi-même », dit Socrate ; et à son instigation, toute la philosophie se fixe pour son idéal et pour fin dernière cette connaissance du soi par le soi... qui n'est rien moins que la tentativee d'un suicide métaphysique. Su un autre plan, toutes les formes de l'art divinatoire trahissent le même désir. Les plus chimériques, l'astrologie, l'horoscopie ou la nécromancie ont trouvé dans l'esprit humain la créance la plus passionnée et, à se fonder sur des données plus objectives, à s'adresser de ce fait à des intelligences plus positives, des méthodes telles que la chirologie ou la graphologie n'ont rien perdu du prestige que confère aux recherches de cet ordre le désir de l'homme d'être renseigné sur lui-même et sur son destin et d'échapper aux conditions auxquelles l'expérience, en s'y soumettant elle-même, l'a soumis. »

Mais la distinction qu'établit l'éminent philosophe entre l'astrologie, l'horoscopie, la nécromancie, d'une part, et la chirologie, la graphologie, de l'autre, est-elle valable ? On pourrait, et les astrologues ne manquent pas de le soutenir, lui opposer que l'évolution des astres s'offre comme un « phénomène objectif » tout autant que l'existence des lignes de la main. La divination des somnambules, des cartomanciennes, s'adresse parfois à des « intelligences positives », qu'elle réussit à convaincre. Nous en avons donné des exemples. (G. Danville : Le Mystère Psychique, Alcan).
Mme Marise Choisy n'a pas esquivé ces attaques. Au contraire, se rendant compte du danger que présentaient de telles objections, elle s'est appliqué à y répondre, faisant le procès de la chirologie astrologique de Desbarolls et d'Elie Alta, et se préoccupant d'établir que la chirologie, débarrassée de traditions incertaines, obscures, contradictoires, servie par les apports et les méthodes des sciences modernes, est susceptible d'aboutir à « cette psychologie différentielle qui, ne tenant compte que des données susceptibles d'observation et d'expérimentation, se rapproche davantage des conditions de connaissance et de contrôle des sciences physiques et chimiques. »
Aussi reprend-elle en partie les arguments déjà tirés de l’examen physiologique et anatomique de la main par Vaschide (Vaschide : Essai sur la psychologie de la main, Rivière), qu'elle complète en y ajoutant les résultats d'observations et d'expériences plus récentes, celles d'Abramowsky, entre autres, qui démontrent qu'aux moments de crise affective la main se meut continuellement, crispations enregistrées par un appareil extrêmement sensible, alors que cette agitation échappe aisément à l'observation ordinaire. Enfin, dans le cas d'une coupure entre un hémisphère cérébral et l’organe préhensile - lésion, paralysie - les lignes de la main s'effacent.
Elle en déduit l'esquisse d'une théorie personnelle, nouvelle et intéressante, selon laquelle « ce sont les impulsions cérébro-spinales, les mouvements transcorticaux, le processus sensori-moteur et les nerfs afférents, qui jouent le rôle principal dans la formation des lignes de la main. » Il en résulterait que la chirologie serait apte à nous renseigner plus exactement au point de vue psychologique ou psycho-pathologique qu'au point de vue physiologique, contrairement à l'opinion généralement admise, en ce sens que tout d'abord les mêmes gestes ne formeront pas les mêmes plis si les cerveaux diffèrent - mains peu lignées des couturières, des dactylographes, mains ridées d'écrivains et de poètes - et qu'ensuite un désir, un sentiment, un état d'esprit s'inscriront, même s'ils sont en contradiction avec d'autres tendances du sujet, capables même de les annihiler, au point de vue réalisation pratique. Le mont de Jupiter proéminent demeurera identique chez un ambitieux ayant donné satisfaction à son ambition, chez un autre, dépourvu de moyen de réussir, aussi bien que chez un mégalomane. De la même façon un amour mystique ne lira pas aux mêmes signes qu'un amour sensuel, si leur intensité reste égale.
Mme Marise Choisy insiste donc, très justement, sur le danger que présentent les œuvres d'interprétation, en de pareils cas, et demande d'adopter ce qu'elle appelle des « postulats », permettant de les éviter en partie. Ils sont au nombre de trois :
« L'excès est un vice aussi grand que la privation et détruit ses propres fins... Des lignes tourmentent la paume dans mille directions, des monts révélant des possibilités universelles et des multiples talents embryonnaires, lorsque trop nombreux, s'entrenuisent... Il faut lire chaque main sous l'aspect de son mérite personnel. »
Pour le premier, elle aurait pu ajouter : l'absence n'a pas toujours un sens péjoratif. Mais, à ce moment, sans doute, n'avait-elle pas encore eu sous les yeux d'exemple typique (cf. main de M. Paul Morand), car, dans la partie du livre consacrée à l'analyse chirologique, elle ne mentionne pas non plus l'absence de la saturnienne ou ligne de chance, qui souvent coïncide avec une réussite, due dans ce cas au mérite personnel.
Le seconde se ramènerait aisément au premier, puisqu'il commente le même adage : l'excès en tout est un défaut.
Quant au dernier, il indique à juste titre la nécessité de confronter l'indication fournie par un signe avec la totalité des renseignements obtenus.
En outre, Mme Marise Choisy signale l'influence, qu'elle déclare considérable, de la suggestion :
« ...Nous l'avons vérifiée, écrit-elle, par des centaines d'observations sur les mains d'individus simples, auxquels nous avions suggéré auparavant telle ou telle préoccupation d'importance minime, en sachant d'avance que l'objet de la préoccupation, ainsi suggérée, comportait une part d'impossible. Dans chaque cas, nous avons vu, tôt ou tard, apparaîte dans la main le signe (faiblement ou fortement tracé, selon la suggestibilité des natures) correspondant à cet objet. Dans deux cas, une suggestion que nous avions prise au hasard s'est même réalisée, à notre propre étonnement, ce qui montre combien il est aisé d'être prophète. »
Aussi recommande-t-elle de ne jamais prédire accidents ou mort. Elle cite à ce sujet les cas de Deschanel et de Lantelme, survenus à la suite de malencontreux avertissements.
Elle omet Vaschide qui avait, dans son livre, noté l'annonce de sa mort prochaine (survenue en effet, peu de temps après) faite à lui-même par une chiromancienne. Jusqu'à quel point, ici où il s'est agi, non plus d'accident, mais d'une maladie, la suggestion peut-elle être incriminée ? Il paraît difficile de l'établir. Cet auteur, au surplus, avait été frappé de l'habileté professionnellement acquise par les chiromanciennes et qui leur permettait de diagnostiquer avec succès certains états morbides peu apparents.
Mme Marise Choisy n'a pas négligé d'ailleurs ce genre de recherches et consacre tout un chapitre, très concluant, aux mains « pathologiques », présentant des signes nets de folie, crime ou suicide.
Notons encore un essai de réhabilitation des mains à doigts spatulés, alors que les précédents écrivains n'accordaient guère leur faveur qu'aux mains coniques à doigts effilés, à telle enseigne qu'aujourd'hui encore, les Instituts de Beauté et les manucures s'appliquent, grâce à des appareils spéciaux, à procurer aux extrémités trop larges de doigts jugés peu esthétiques, une minceur plus intellectuelle, si l'on peut dire, une finesse tenue pour aristocratique.
L'ouvrage se termine par un curieux exposé de la psychologie et de la chirologie hindoue.
Illustré de 218 figures, qui en rendent la lecture aisée, pourvu d'une abondante bibliographie, il se présente en réel progrès sur ceux des devanciers de Mme Marise Choisy et, surtout, semble offrir aux chercheurs de nouveaux champs d'investigation dans un domaine jusqu'à présent insuffisamment ou mal exploré...




1924 : Presque, quasi-roman



Publié en 1924 aux Éditeurs associés.
186 pages.

En frontispice, un portrait dessiné de Maryse Choisy, pa Andrée Sikorska.

Dédié à Serge Zarchi.
Chaque partie est dédiée à une personne différente : la Marquise d'Aberdeen et Temair, Madame Lo Chong, Mrs Asquith, Madame Avril de Sainte-Croix, le Docteur M. Gastier, ses parents, Mrs Philip Snowden, Mrs Stanley Roe.

Table des matières :

DEDICACE A GANAPATI
Presque
I
II
III
Chinoiserie

AVANT LE DELUGE
1. Comment la Femme fut créée
2. Comment les Avettes perdirent leur Reyne

AUJOURD'HUI
1. Comment on croit
2. Comment on sent
3. Comment on aime
Futur...iste
Le dernier artiste
...presque


Le livre et la critique :

Clément Grémont in La Revue Sincère, 1924, p.245 :

Pour illustrer, une fois de plus, cette idée que tout ici-bas n'est qu'illusion et apparence, l'auteur a recouru à l'affabulation que voici. Raj Koumar Assiddarth etc. — prince hindou « chercheur d'idéal et grand épuisé » — s'éprend de la Joconde du grand Léonard. A Florence, il découvre une jeune blanchisseuse, au regard toujours voilé, en qui il reconnaît, non seulement une nouvelle Gioconda, mais encore « une incarnation de l'énigme universelle.» Épousailles et voyages aux Indes. Là seulement, Raj Koumar etc. a la révélation des yeux de l'aimée. Enfer et damnation ! Ce sont des yeux de poupée, « vacants de toute expression. » Le malheureux n'a plus qu'à invoquer Kali, la déesse aux quatre mains. Pitoyable, celle-ci lui procure une série de visions édifiantes. Ainsi apprend-il que, dans la Chine antique, il fut presque un saint. Il apprend bien d'autres choses, et notamment qu'aujourd'hui comme autrefois, on aime presque, on croit presque, on est presque honnête... La vision finale lui montre comment, en l'an 2923, le dernier artiste possèdera presque la Beauté. Raj Koumar etc. a compris. Il ne lui reste qu'à s'unir dans la mort à la généreuse Kali. Et encore, qui sait ? La mort et Kali ne sont peut-être, elles- mêmes, que des illusions ? Néanmoins, le prince se jette dans le Gange sacré.
Voilà. Le style de Presque... est idoine au fond : tournures moyenâgeuses, accumulations d'épithètes, termes rares, tarabiscotage de la phrase, pointes de pédantisme — le dégoût de vivre s'appelle ici le taedium vitœ — rien n'y manque de ce qui devrait nous plaire ou nous ébahir. Le Vient de paraître, glissé dans le volume, affirme « qu'il n'eût pas été possible d'exprimer autrement tout le mystère, l'amour de la « surornementation,» le vague à l'âme hindoue...» Cruelle nécessité, peines perdues ! Car Presque..., que je considérai d'abord comme une gageure, une fumisterie montparnassienne, n'émeut point et n'intéresse guère. Tout au plus, ce quasi roman, qui tient parfois du poème en prose, laisse-t-il le regret de l’œuvre que Madame Maryse Choisy aurait sans doute pu nous donner. L'auteur a beaucoup lu et vu, et sa culture est certaine. Cela, hélas ! ne suffit pas.
« Ce ne sont point les Dieux eux-mêmes qui nous sont chers dans les Dieux, dit un texte hindou, mais le Moi qui nous est cher en eux. » La plupart des femmes écrivains d'aujourd'hui interprètent cette pensée à l'occidentale : de là vient qu'elles parviennent souvent à nous émouvoir. Madame Maryse Choisy ne l'entend pas de la sorte, et c'est dommage. On peut croire en effet, qu'à côté, ou même à défaut d'autres qualités, la vraie sensibilité, la compréhension affectueuse de la nature humaine vaudront toujours mieux, en art, que les connaissances livresques et que le goût de l'originalité à tout prix.
— Je ne suis, dites-vous, qu'un Barbare ?... Ainsi soit-il !


? « Nouvelles littéraires » in La Lanterne n°17368, 18 février 1925, p.3 :

Comment l'auteur a-t-elle pu résister à la tentation d'une préface; elle aurait été — presque — ceci :

Si vous êtes de ces esprits universels, supérieurs et convaincus qui savent tout, qui ont tout vu et tout entendu, qui ne doutent de rien et qui ont une opinion inébranlable en toutes questions; ne lisez pas ce livre : il pourrait vous irriter.
Si vous reprochez à l'auteur d'être impartial ou presque (car personne ne se trouve assez dépourvu de passion pour être entièrement impartial); si vous vous offensez de ce qu'un auteur prenne la liberté de sacrifier son goût d'un langage concis et clair aux exigences de l'esprit du récit; si vous jugez qu'il eût été possible d'exprimer tout, le mystère, l'amour de la « surornementation » et le vague à l'âme hindoue dans le joyeux parler propre à décrire les péripéties d'un adultère parisien; ne lisez pas ce livre.
Mais si vous vous plaisez à suivre la passion dans ses méandres tourmentés; si vous n'ignorez point que votre idéal le plus absolu, que vos désirs les plus certains sont soumis aux contingences et aux vicissitudes et aux duplicités de l'âme humaine, alors voici votre livre; le livre de toutes les richesses sensuelles, sensibles et sentimentales; le livre des joies et des mélancolies; le livre de la sagesse.


Fernic in La Semaine à Paris, 3 avril 1925, p. 74 :

Un maharadja fabuleusement riche s'éprend de la Joconde, mais il ne s'en tient pas là et va à Florence pour tenter d'y trouver une Joconde en chair et en os. Il découvre son idéal : une petite blanchisseuse aux paupières toujours baissées. Il l'épouse et les jours heureux se succèdent jusqu'au moment où Lucia ouvre les yeux : horreur ! ces yeux énigmatiques ne sont qu'insignifiants, des yeux  de poupée. La maharadja l'abandonne, et va se prosterner devant l'autel de Kali où il s'endort. Ses rêves : Chinoiseries, Avant le Déluge, Aujourd'hui, sont d'une amusante diversité, puis il s'éveille et se jette dans le Gange pour – ayant épuisé toutes les voluptés ou presque – connaître la volupté de la mort. Mme Maryse Choisy sait beaucoup de choses, j'allais dire trop, ce qui alourdit souvent son livre qui est intéressant et curieux.


Louis Payen in La Presse n°3767, 8 juin 1925, p.2 :

Dans son magnifique appartement des Champs-Elysées, Raj Koumar Assidarth Singh d'Ananganagar, – excusez du peu ! – réfléchit, s'ennuie, médite sur les religions et sur l'humanité, rêve et s'endort... ou presque. Il voit passer dans ses songes des exemples de l'histoire du monde, nous révèle comment la femme fut créée et comment les Anettis perdirent leur Reyne, puis saute brusquement dans le moderne pour nous montrer comment on croit, comment on sent, comment on aime... Il ne va pas jusqu'au bout. C'est un amateur du presque et c'est presque bien...


Biographie

1903 — 1er février : Naissance à Saint-Jean-de-Luz. Maryse n'a pas connu ses parents.
1903-1904 — Enfance chez « tante Anna », la comtesse Anna de Brémont, dans le château de Saint-Jean-de-Luz. Maryse est éduquée par des précepteurs. Nombreux voyages : Saint-Moritz, Monte-Carlo, Nice, Paris, Biarritz, Londres, Vichy, Deauville, Venise, Sologne, Autriche-Hongrie, Algérie, Maroc, Jérusalem… Sa tante fréquente les casinos. A Paris, elle donne des réceptions où l’on peut croiser Ignacy Paderewski, Gabriele d’Annunzio, Paul Cambon, Jean Jaurès, Maurice Barrès, Léon Bérard…
1909 — Voyage en Normandie avec sa tante. Visite à Remy de Gourmont.
1911 — A huit ans, elle lit Ainsi parlait Zarathoustra, un récit sur saint François Xavier, une biographie de Jeanne d’Arc, six volumes sur Napoléon, un livre sur les amours de Dante et Béatrice. Elle suit les cours de danse de Raymond Duncan, où elle croise Isadora, sœur du professeur. Elle y rencontre le petit Robert, dont elle sera amoureuse trois ans. Elle veut être Jeanne d’Arc.
1913 — « […] Marinetti que tante Anna avait lancé à Paris. Son manifeste futuriste fut le texte sacré de mes dix ans. Longtemps je fus amoureuse de lui en cachette ».
1914 — Au début de la guerre, tante Anna offre le château à la France, dont le gouvernement fait un hôpital. Elle s’installe alors avec Maryse à Paris, dans son appartement de la rue de Varenne. Maryse commence à écrire des vers, mais aussi « un roman interminable jamais terminé » et une tragédie sur Prométhée qu’elle achèvera en 1944. Elle veut être Guynemer, qui d’ailleurs vient dîner chez Tante Anna.
1917 — Alors qu’elle prépare le baccalauréat, Maryse découvre Villiers de l’Isle-Adam, « l’homme que j’ai le plus intensément admiré, parce que je l’ai admiré à quatorze ans ». Elle écrit la phrase « Vivre ? les serviteurs feront cela pour nous » qu’elle utilisera dans plusieurs de ses livres. Elle écrit Presque, qu’elle éditera en 1924. Elle se passionne pour les atomes et écrit le roman d’un atome d’azote, qu’elle proposera, en vain, dix ans plus tard à Grasset.
1918 — Tante Anna quitte Paris pour Londres, où son cousin Lord Clifford lui trouve « un pittoresque pied-à-terre avec un plafond peint par Angelica Kauffmann ». Bernard Shaw était leur voisin.
Maryse Choisy est élue, sous le nom de Madame Zarchi, membre de l’Aristotelian Society.
1919 — Maryse commence ses études de philosophie et de sanscrit à Cambridge, au Girton College. Elle y a pour professeurs La Vallée Poussin en sanscrit, Dawes Hicks en philosophie, Frederick C. Bartlett en psychologie expérimentale, W.R. Sorley en morale et Bertrand Russell en métaphysique et mathématiques. Elle s’est inscrite aux pompiers volontaires. Elle rencontre Alice Liddell.
Surtout elle rencontre Koumar, un maharadja considéré comme l’homme le plus riche du monde : c’est le coup de foudre. La veille de leur mariage, il meurt dans un accident de voiture. Suite au deuil, elle se réfugie dans les études : doctorat de philosophie, École de Médecine.
1920 — A Cambridge, Maryse fonde l’Association de ceux qui n’ont pas de mission (A.N.O.M.). « En furent exclus ceux qui se croyaient indispensables ».
L’Aristotelan Society lui donne pour adresse : 20, rue Chalgren, Paris, XVIe.
1921 — Maryse est licenciée de philosophie. Elle rencontre Albert Einstein.
1922 — Un soir, sur un coup de tête, elle prend l’Orient-Express, descend à Vienne et va chez Freud. Celui-ci lui apprend un peu brutalement qu’elle est une enfant illégitime. Tante Anna meurt peu de temps après son retour de Vienne. 
1924 — Publication, aux Editeurs associés, de Presque, quasi-roman.
Elle part pour la première fois en Inde, à Bénarès, où elle est envoyée comme chargée de cours en psychologie expérimentale par son College. Elle rencontre Rabindranath Tagore dans le Bengale. C’est là qu’elle est initiée à la danse et aux yogas.
Elle participe au Congrès de Philosophie commémorant le septième centenaire de l’Université de Naples (devait venir Einstein) auquel étaient conviées de nombreuses Universités et Académies du monde. Son intervention porte le titre La création mentale avec référence spéciale à la création artistique.
Les Actes du Congrès lui donne pour adresse : 7 Adam Street Adelphi London W.C. 2 (Inghilterra).
1925 — Elle accepte une invitation de Paul Bourget, dont le mépris pour Romain Rolland la choque. C’est à cette réception qu’elle rencontre René Guénon. Elle fréquente les surréalistes et le salon du Mercure de France où elle amène son serpent. Amitié particulière avec Rachilde. Grande amitié avec Jules de Gaultier.
1926 — Maryse soutient sa thèse sur Les Systèmes de philosophie védanta et samkya.
En janvier, elle préside à Pau une conférence de Jacques Dyssord sur Paul-Jean Toulet. Elle y rencontre Léon Bérard, Henry Bernstein et Marcel Achard.
Elle habite un petit studio rue Jules-Breton et lit Nietzsche, Wilde et Villiers de l’Isle-Adam.
1927 — Publication, chez Alcan, de La Chirologie, avec une préface de Jules de Gaultier.
Publication de Mon cœur dans une formule. Le roman est sur la liste du Femina mais sera retiré pour des raisons non littéraires.
En août, elle s’engage pour les vendanges en Touraine, puis en Catalogne. En rentrant à Paris en octobre, et fait paraître, dans L’Intransigeant, « Les impressions de vendangeuse ».
1928 — Elle se fait embaucher comme femme de ménage dans un bordel. Publication, chez Montaigne, collection du Gay Savoir, d’Un mois chez les filles, reportage. Paul Morand, Georges Le Cardonnel, l’abbé Brémond en disent du bien.
1929 — Publication, aux Editions de France, d’Un mois chez les hommes, reportage.
Dans Les Œuvres libres n°99 de septembre, parution de La Grande chose, nouvelle inédite.
1930 — En janvier, elle participe au « Salon des écrivains » en exposant – aux côtés de Mme et André Sikorska, Sacha Guitry, André Billy, Bernard Grasset, Paul Valéry, Lucie Delarue-Mardrus, la Comtesse de Noailles – Les Sept planètes, « dont quatre sont momentanément éclipsées puisqu'on ne peut saluer que « Delteil solarien », « Rachilde lunarienne » et M. Choisy elle-même « vénusienne » ». (L'Européen, 29 janvier 1930).
Publication, chez Montaigne, collection du Gay Savoir, de L’Amour dans les prisons, reportage.
Publication, aux Editions des Portiques, de Quand les bêtes sont amoureuses.
Publication, aux Editions du Tambourin, de Le Vache à l’âme, roman.
1932 — Publication, chez Gallimard, de Le Veau d’or.
Publication, à la Librairie Bernardin-Béchet, de Le Tour du cœur en 80 battements, essai de stratégie amoureuse.
Le 28 avril, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) naissance de sa fille Colette, prénommée ainsi en hommage à l’écrivain Colette qui fut la marraine. André de Fouquières était le parrain. Décèdera le 23 décembre 2001.
1933 — Publication, aux Editions Baudinière, d’Un mois chez les députés, reportage fantaisiste.
Publication, chez Flammarion, de Don Juan à Paris.
1934 — Dans Les Œuvres libres, parution de Maman, roman inédit et complet.
Le 6 février, Maryse est à l’intérieur de la Chambre des Députés.
1936 — Publication, aux Editions Baudinière, de La Staviskose, satire.
Publication, aux Editions Baudinière, de Le F :. Patouillard, satire : livre de reportage sur la franc-maçonnerie.
Dans Les Œuvres libres n°178 d’avril, parution de Le Roi des rois, nouvelle inédite.
1937 — Dans Les Œuvres libres n°198 de décembre, parution de Jeux, roman inédit et complet.
1939 — Maryse retire du commerce ses trois premiers reportages.
Elle se marie avec le journaliste Maxime Clouzet, directeur de l’hebdomadaire Axes, rédacteur politique aux services parisiens de L'Éclaireur de l’Est et collaborateur de l’Agence Radio.
1940-1945 — Durant la guerre, Maryse fait porter régulièrement des victuailles à des amis emprisonnés à Fresnes.
1940 — Dans Pour Elle n° 18 de décembre, parution de Miracle 1940, nouvelle.
1941 — Parution en épisodes du Portrait de Juliette Delmet dans Pour Elle, de février à avril.
En avril et mai, dans Pour Elle n° 38 et 39, parution de « Divorce, l’opinion de Maryse Choisy ».
1942 — Publication, chez Alsatia, de Contes pour ma fille, qui contient, en condensé, son Roman d’un atome d’azote qu’elle écrivit en 1917.
Publication, aux Editions Jean-Renard, de Le Portrait de Juliette Delmet.
Publication, aux Editions Jean-Renard, de Fugues, poèmes.
1943 — Publication, aux Éditions Jean-Renard, de Le Thé des Romanech, premier de la série « Les Atlantides ».
1945 — Publication, chez Aubier-Éditions Montaigne, de Savoir être maman ou l’éducation des parents, avec une préface du R.P. Poucel S.J.
Publication, aux Éditions Ariane, de Contes de fées, illustrés par l’auteur.
A bord d’une jeep conduite par un commandant de la Division Leclerc, elle a un accident. Blessée à la tempe gauche et durant un temps dans le coma, elle subira durant six mois les conséquences de cet accident : elle se sent idiote. Elle se lance alors dans l’automatisme en peinture et écriture.
1946 — Publication, aux Éditions de Flore, d’Amarella, roman.
En janvier, elle fonde la revue Psyché, « Revue Internationale de Psychanalyse et des Sciences de l’Homme ».
1947 — Maryse expose ses œuvres picturales dans une galerie de la rive gauche.
1948 — Publication, aux Éditions Psyché, de L’Anneau de Polycrate – De la culpabilité collective.
Publication, aux Éditions du Mont-Blanc, collection Action et Pensée, de La Métaphysique des Yogas, avec un avant-propos de Paul Masson-Oursel.
1950 — Publication, à L’Arche, collection Commentaires, de Qu’est-ce que la psychanalyse ?
Publication, à L’Arche, collection Commentaires, de Psychanalyse et catholicisme.
1952 — Second voyage en Inde. Ce voyage s’insère dans une mission scientifique : engagée dans une recherche psychosomatique sur les émotions, Maryse, équipée d’électrocardiographes et électroencéphalographes, étudie le métabolisme des yoguins en méditation. Durant ce voyage, elle rencontre Jawaharlal Nehru et Indira Gandhi, qu’elle interview pour Combat. En voyant le Sivanandashram, elle reconnaît un paysage mystérieux qu’elle avait peint en 1945 après son accident et qu’elle avait jusque-là cru imaginaire.
1953 — Elle organise à Rome un congrès de psychothérapie catholique, au cours duquel Pie XII reçoit officiellement les psychanalystes pour la première fois.
1954 — Publication, chez Aubier-Éditions Montaigne, de Le Scandale de l’amour.
Publication, chez Aubier-Éditions Montaigne, de Problèmes sexuels de l’adolescence.
1955 — Publication, aux Éditions Tequi, de Le Chrétien devant la psychanalyse.
1957 — Publication, chez Hautefeuille (Caractères) et le Club des Amis de Maryse Choisy, de Le Serpent, deuxième de la série « Les Atlantides ».
Publication, chez Hautefeuille (Caractères) et le Club des Amis de Maryse Choisy, de Tes yeux m’ont vu, troisième de la série « Les Atlantides ».
1959 — Publication, aux Éditions Psyché Romans, de Les îles s’enfuirent, quatrième de la série « Les Atlantides ».
Publication, par le Club des Amis de Maryse Choisy, du livre de Bernard Guillemain, Maryse Choisy ou l’amoureuse sagesse.
La parution de Psyché s’interrompt à la fin de l’année.
1963 — Publication, aux Éditions Universitaires, de Teilhard et l’Inde.
Réapparition de la revue Psyché pour un numéro spécial consacré à René Laforgue mort l’année précédente.
1965 — Publication, aux Editions du Mont-Blanc, de L’Être et le silence.
Elle fonde l’Alliance Mondiale des Religions, « pour travailler au rapprochement des hommes religieux de toute appartenance ».
Troisième voyage en Inde, à Delhi et dans les Himalayas. Elle revient avec une chienne sacrée, Shakti.
1968 — Publication, aux Éditions du Mont-Blanc, d’Exercices de Yoga.
Publication, aux Éditions du Mont-Blanc, de Mais la Terre est sacrée…
1969 — Elle organise à Paris une conférence du swami Chidananda, rencontré lors de son voyage en Inde de 1952.
1970 — Publication, aux Éditions du Mont-Blanc, de Moïse.
Publication, aux Éditions EP, collection En Marge, de La Guerre des sexes.
Quatrième voyage en Inde. A Dharmsala, elle rencontre le Dalaï Lama.
1971 — Publication, aux Éditions du Mont-Blanc, de Mes enfances, mémoires (1903-1924).
1973 — Cinquième voyage en Inde. Nouvelle rencontre avec le Dalaï Lama, qui donnera le livre de dialogues paru l’année suivante.
1974 — Publication, aux Éditions du Mont-Blanc, de Potala est dans le ciel, dialogues avec le S.S. Dalaï-Lama.
1977 — Publication, chez Émile-Paul, de Sur le chemin de Dieu on rencontre d’abord le diable, mémoires (1925-1939).
1979 — 21 mars : meurt à Paris.